Compte-Rendu de l’Atelier-Rencontre autour de la Pose du HF

Atelier-Rencontre autour de la Pose du HF avec l’AFSI, l’AFCCA* et l’AAFA**

*Association Française des Costumier.ères du Cinéma et de l’Audiovisuel (site : https://www.afcca.fr/)

**Actrices et Acteurs de France Associé.es (site : https://aafa-asso.info/)

Samedi 30 mars 2024, des membres de nos trois associations professionnelles se sont rencontré.e.s autour de la problématique essentielle qu’est la pose du micro cravate : neuf habilleuses, cinq comédien.ne.s, cinq preneur.euse.s de son étaient présents. La veille, chez Tapages, qui nous a gracieusement prêté le matériel nécessaire, nous avions testé quatre unités composées d’une mixette, d’un récepteur double, de deux émetteurs, de micros DPA 4060 et/ou 6060, d’accessoires de pose ainsi que d’un ampli casque avec deux ou trois casques. A l’une des ces unités, a été ajouté un micro Schoeps hypercardioïde (type perche).

Domaine bien souvent jalousement gardé par nous autres preneur.euse.s de son (après tout, cela relève de nos compétences), nos camarades des costumes commencent à s’y intéresser très activement, de plus en plus souvent sollicité.e.s par les comédien.ne.s eux.elles-mêmes pour l’installation du micro et/ou du boîtier. Cette pose de HF étant devenue quasi systématique sur les tournages, elle doit évidemment être faite au même moment que l’habillage lorsque le costume l’impose. Dans les faits, ce moment est souvent plus opportun quel que soit le costume. Il n’est donc plus rare de nous retrouver à quatre mains pour la pose du HF !

Après un rapide tour de table, nous avons également évoqué les problématiques inhérentes à nos métiers, rappelant et/ou expliquant le rôle important du micro cravate dans nos tournages actuels, notamment par rapport à la perche (couleur, proximité, esthétique sonore actuelle, tournage en multi-caméra, découpage de plus en plus aléatoire, etc.). Puis nous avons listé une partie des éléments qui pourraient, théoriquement, altérer le rendu sonore et l’intelligibilité : les épaisseurs, les frottements de certains tissus en fonction de leur qualité ou de leur matière, le placement à proprement parler (trop loin, trop proche, trop latéralisé, trop enterré), etc.

Ensuite, chacun.e a pris place autour des postes de travail. Les comédien.es ont enfilé les costumes apportés par les habilleuses, celles-ci les ont aidées, et l’équipement s'est fait de manière collaborative et ludique. Dans certains cas, deux micros étaient posés sur deux personnes différentes afin de comparer matières et tissus, dans d’autres cas, une seule personne était équipée de deux micros, l’un posé selon les propositions des habilleuses ou des comédien.ne.s, l’autre par nos soins, de la manière la plus appropriée possible, expliquant les raisons qui nous poussaient à ce choix de position optimale en comparaison aux leurs. Les échanges vifs, les questions fusants, casque sur les oreilles, chacun.es a pu tester et écouter le son des vêtements.

Un poste de travail complémentaire permettait, via un Protools, l’écoute comparative d’un enregistrement de ce très beau poème qu’est La Lessive de J. Prévert, avec quatre positions de micro cravate (un dans les cheveux, un en Madonna, un dans la gorge, un au milieu de la poitrine), ainsi qu’une perche (type plan taille) en guise de référence. Merci à Aloyse Launay (bureau montage) et Arnaud Trochu (bureau tournage) d’avoir prêté leur voix.

Les échanges furent nombreux et fort instructifs. Ils ont également porté sur les rôles respectifs de nos différentes équipes, les responsabilités de chacun.e sur le plateau, notamment vis-à-vis du matériel son, les limites de nos métiers respectifs, etc. Partageant nos expériences, chaque corps de métier a pu en apprendre de celui des autres.

Ces échanges ont en outre aidé à sensibiliser chacun.e à l’importance d’identifier certaines problématiques et besoins en amont des tournages (création de coulisses pour les micros, de poches spécifiques pour les boitiers HF etc.). L’idée qu'équipe son et équipe costume entrent en contact dès la phase de préparation a par ailleurs fait l’unanimité tant il a paru à chacun.e évident que nous devions travailler de concert.

L’enthousiasme collectif nous aurait presque fait perdre toute notion du temps ! Quelle chance nous avons de faire un métier si prenant. C’est pourquoi nous envisageons de réitérer l’expérience en étalant l’atelier sur une journée complète. Le nombre de participant.es resterait restreint. La première heure serait un moment de présentation et d’échange sur les attentes et les expériences de chacun.e. S’ensuivrait alors une phase de démonstration pédagogique par nos soins, expliquant et justifiant nos choix et méthodes d’équipement et les raisons des précautions prises lors du déséquipement, et ce afin de bien faire comprendre à tou.te.s, les problématiques de nos métiers. Ce moment serait également opportun pour aborder le sujet du rapport intime inexorablement induit par la pose du hf. Nous insisterons alors sur l’échange, le respect et le rôle de chacun afin que soit établi un consentement et levée toute ambiguïté, l’équipement étant avant tout un travail collaboratif. Après une pause déjeuner, les costumier.ère.s et les acteur.rice.s pourraient alors commencer à pratiquer, sous l’encadrement des technicien.ne.s son et écouter les différences sonores dues aux positions de micro, l’impact des matières, la raison des frottements, les défauts de la latéralisation, la problématique des couches superposées ou encore le bruit des bijoux, etc. Comme cela a été une demande partagée, nous ne réfléchirons de manière conjointe non pas uniquement à la dissimulation du micro, mais aussi à celle du câble et du boîtier. La journée se terminerait par un moment convivial de débrief tous ensemble.

Ce premier atelier a été une très belle prise de contact entre nos trois associations. Il nous a permis de mieux définir les attentes des un.e.s et des autres quant à cet atelier que tou.te.s semblent vouloir réitérer, et aura été l’occasion d’un très agréable moment d’échange, riche et instructif.