Mobilisation de la post-production . 23 mars 2017 . compte-rendu
23 mars 2017
mobilisation de la post-production
#1
Merci à toutes celles et tous ceux qui étaient présents. Nous étions environ 150 présents ce jeudi matin devant la Direction Générale du Travail, et presque autant devant le CNC ensuite. Marie Massiani a immortalisé cela dans une galerie photo sur le site de l’AFSI.
Voici le déroulé de cette demi-journée :
1ère partie : la Commission Mixte Paritaire
La mobilisation des 4 associations ADM/AFSI/ADAB/LMA (plus quelques directeurs de post-synchro et le renfort d’ingénieurs du son de l’AFSI) nous a permis d’occuper une bonne partie du parvis de la Direction Générale du Travail.
2 conséquences directes:
-
les membres de la CMP devaient se frayer un chemin parmi nous pour accéder au bâtiment
-
la présidente de la CMP très tendue a bloqué l’entrée de notre délégation. Après 15 minutes de flottement avec une partie de la délégation à l’intérieur du bâtiment et l’autre partie bloquée à l’extérieur, elle a finalement accepté de recevoir les 4 associations, représentées chacune par 2 d’entre nous (Valérie Deloof, Raphaël Sohier et Florent Lavallée pour l’AFSI, Didier Lesage et Mélissa Petitjean pour l’ADM, Romain Anklewicz et Judith Guittier pour l’ADAB, Jean-Pierre Bloc et Mathilde Muyard pour LMA)
Nous nous présentons donc dans une ambiance glaciale face à la CMP et expliquons les raisons de notre mobilisation : voilà 10 mois que nous attendons des propositions des syndicats de producteurs… mais rien n’avance…
Chaque association expose (à nouveau) brièvement ses propres revendications (voir notre lettre en pièce jointe) et nous indiquons qu’en période pré-cannoise, ce débrayage est signifiant et révélateur de l’exaspération de l’ensemble de la post-production…
Le silence qui suit la lecture de nos lettres est éloquent. Personne ne se bouscule pour répondre à nos demandes…
Les 2 syndicats de techniciens (SNTPCT et SPIAC) prennent la parole pour appuyer ce constat de blocage.
Après une relance de réponse demandée par la présidente, les 3 syndicats de producteurs finissent par se lancer :
l’un se dit choqué que nous utilisions le terme “mépris” de leur part face à cette situation, l’autre nous explique que cela prend du temps, le troisième conclut qu’il faut laisser la CMP travailler!
Ce que nous faisons donc aussitôt en prenant congé, afin, nous l'espérons cette fois-ci, d’obtenir des réponses!
Elles ne tarderont pas à venir dans la matinée, en l’état :
> La réponse à la question concernant les indemnités repas a été totalement négative.
Motif : ils seraient obligés de la donner également aux techniciens de la préparation! Ce à quoi Stéphane Pozderec (SNTPCT) a rétorqué qu'effectivement c'était une demande globale faite depuis longtemps.
> Pour les indemnités transports (remboursement de 50% des abonnements aux transports en commun et vélos en libre-service), ils sont d'accord et il a été convenu qu'ils feront un courrier à tous leurs mandants (les producteurs donc) en ce sens pour que cela soit à effet immédiat. (NB : ceci est depuis longtemps inscrit dans les textes de l’urssaf ET la convention collective mais que peu respecté)
> Quant aux revalorisations salariales, leur proposition (qu'ils avaient mis plusieurs heures à pondre deux jours avant, paraît-il) est un forfait jour (donc de 24h) de :
1901,45 € pour les mixeurs, au lieu de 1810,91€ pour 39h actuellement
1517,22€ pour les chefs monteurs son, au lieu de 1446,88 € pour 39h actuellement
1717,83€ pour les chefs monteurs, au lieu de 1636,03 € pour 39h actuellement
Ceci représente 5% de hausse par rapport à nos minima actuels ! et sous la forme de forfait !
Donc exit l’idée de comptabiliser les heures supplémentaires !!! et surtout exit l’idée de rééquilibrer l’inégalité criante entre les salaires du tournage et ceux de la post-production.
Il va sans dire que cette proposition est inacceptable.
2ème partie : le CNC
Nous ont reçus lors de notre entrevue au CNC, Mme Leslie Thomas (Secrétaire générale du CNC), M. Laurent Vennier (Directeur adjoint du cinéma) et M. Raphaël Keller (Directeur de l'innovation, de la vidéo et des industries techniques).
La délégation des représentants de la post-production son était composée de Franck Tassel et Romain Anklewicz pour l'Association Des Bruiteurs (ADAB), Benjamin Rosier et Pascal Villard pour le collège montage son de l'Association Française du Son à l'Image (AFSI), Didier Lesage et Mélissa Petitjean pour l'Association Des Mixeurs (ADM).
En préambule, la délégation a lu la lettre commune des associations exprimant nos inquiétudes quant à la réforme de l'agrément et faisant l'état des lieux des périls menaçant déjà nos filières (voir 2e pièce jointe). Une copie de la lettre a été remise à Mme Thomas, puis la discussion s'est engagée sur les points abordés par la lettre.
M. Vennier s'est étonné que nous nous plaignions de ne pas avoir été consultés alors que nous sommes le groupe qui a le plus été reçu par le CNC depuis le début des consultations sur la réforme de l'agrément. Nous avons répondu que nous avons certes été reçus pendant la phase préparatoire, mais que depuis la remise du rapport de M. Sussfeld, nous (les associations) avons été exclus de toutes les commissions de travail sur la réforme et sommes sans nouvelles de celle-ci alors que les préconisations de M. Sussfeld vont à l'encontre de ce qui pourrait freiner les délocalisations qui nous concernent.
M. Vennier a répondu que nous serons conviés à la présentation de la réforme (qui sera ouverte aux associations professionnelles) à la mi-avril et que si nous ne faisons pas partie des commissions de travail sur la réforme, les syndicats, eux, en font partie et sont libres de nous informer sur son avancement.
Nous ré-expliquons que le fait de ne pas accorder des points spécifiques aux monteurs son, bruiteurs et mixeurs en font des postes “qui ne comptent pas” pour l'agrément et sont donc aisément sacrifiables.
M. Vennier explique que comme nous ne sommes pas reconnus comme “cadres collaborateurs de création” dans la convention collective, nous ne pouvons pas bénéficier de ces points spécifiques.
Les associations s'agacent du jeu de ping-pong avec la CMP, puisqu'être reconnus comme “cadres collaborateurs de création” fait partie des demandes déposées depuis presque un an et dont l'examen est sans cesse repoussé par les syndicats de producteurs, d'où le mouvement social de ce jour. La « photo » des professions que donne la convention cinématographique de 2011 n'est pas représentative de l'état des professions actuelles du cinéma et c'est pour cela que des avenants sont demandés. Lors de la négociation de 2011, toutes les « nouvelles professions» (pour les mixeurs et bruiteurs, la nouveauté dates des années... 50 et pour les monteurs sons, des années 80), n'étaient pas représentées car historiquement peu syndiquées et ont donc été fort maltraitées par la convention qui reconnaît un processus créatif figé dans les années 50. Si le but de la convention collective et de la réforme de l'agrément est d'adapter le cadre législatif à la réalité actuelle du cinéma, on en est encore loin. De l'application de la nouvelle convention découle la mobilisation des techniciens de la post-production son et la création des associations. Si nous demandons à être reconnus comme “cadres collaborateurs de création”, ce n'est pas un caprice, c'est juste reconnaître ce que nous sommes dans la réalité : nous travaillons directement avec les réalisateurs à l'élaboration de la création sonore de leur film. Il ne viendrait à aucun réalisateur l'idée de ne pas l'admettre. Pourquoi la convention collective ne reconnaît-elle pas ce fait? Pourquoi le CNC ne fait-il pas une “pression amicale” sur le ministère du travail pour que cela soit reconnu?
M. Vennier explique que si nous ne pouvons pas bénéficier des points spécifiques “cadres collaborateurs de création”, nous pouvons bénéficier des points “techniciens cadre et non-cadre” (11 points). Nous lui expliquons que, comme cela a été démontré dans le document remis par les associations après lecture du rapport de M. Sussfeld, ces dispositions ne protègent absolument pas nos emplois, étant donné la disparité budgétaire entre le tournage et la post-production.
(En France, le tournage représente 80% du budget d'un film et la post-production seulement 20%. La post-production son seulement environ 1 à 2% de l'ensemble).
Dans 4 sur 5 des simulations de budgets établies, les films pouvaient toucher 100% des aides tout en délocalisant la post-production son et récupérer du tax-shelter belge ou luxembourgeois.
Dans tous les cas, parce qu'elle est minoritaire et ne bénéficie d'aucune protection, la post-production son est toujours la première à être sacrifiée. Le pli est déjà pris depuis plusieurs années par certaines productions et seule la réforme de l'agrément peut freiner cela.
Suivent plusieurs anecdotes sur les pratiques douteuses de certaines productions qui imposent aux techniciens français de se faire payer les salaires en Belgique alors qu'ils travaillent en France, les techniques de portages de salaires où une société “facture” un travail dont les techniciens salariés n'apparaissent pas dans la masse salariale (qui permet de calculer si les points “techniciens cadre et non cadre” sont attribués) et de ne pas payer des salaires aux tarifs minimums de la convention collective en vigueur puisqu'ils n'apparaissent pas…
Les représentant du CNC avouent avoir peu de données sur ces pratiques et les délocalisations.
Les associations s'en étonnent : n'est-ce pas le rôle du CNC de contrôler ce qui se passe dans le cinéma Français ? Comment se fait-il que le CNC n'ait aucun chiffre à fournir sur les délocalisations? Comment peut-il réformer l'agrément s'il n'a pas une idée précise de l'activité de tournage et post-production en France?!
M. Vennier et Keller admettent que si le CNC a des chiffres précis sur les tournages, ils en ont fort peu sur la post-production. M. Keller annonce que “l'élaboration d'un outil de mesure” de la post-production est en cours. Il se montre très intéressé par les enquêtes statistiques menées par les différentes associations sur la base du tableau FICAM des films réalisés en 2016.
Nous lui expliquons que les données ne sont malheureusement pas encore disponibles et qu'il nous semble que cela devrait être le rôle du CNC de rassembler ces données. Seuls les bruiteurs ayant fini de documenter leur tableau peuvent annoncer que sur 100% des films français de 2016, 60% des bruitages ont été délocalisés... Les représentants du CNC sont effarés par ce chiffre qu'ils ignoraient.
Nous expliquons que notre inquiétude est légitime, nos professions étant d'ores et déjà les plus touchées par les délocalisations et que tout ce qui a été entrepris depuis (réforme puis rehaussement du crédit d'impôt) ne semblent concerner que le tournage et ignorer les problèmes de la post-production.
Mme Thomas admet que la priorité des réformes s'est concentrée sur la relocalisation des tournages en France. Nous admettons que le tournage représente beaucoup plus d'emplois que ceux de la post-production mais que nous n'avons pas l'intention d'être les « sacrifiés » de cette réforme et que notre sort mérite une attention particulière puisque la simple logique comptable est contre nous.
Les représentants du CNC nous assurent avoir pris la mesure de nos préoccupations.
Pour résumer :
> nos revendications :
les syndicats des producteurs ont enfin fait des propositions, dix mois après le dépôt de la demande d’avenant par les syndicats de techniciens.
Elles sont inacceptables en l’état donc il faut rester mobilisés, notamment au sein des syndicats.
Prochaines échéances : le 13 avril le prochain Groupe de Travail et le 3 mai la prochaine CMP.
> la réforme de l’agrément :
la proposition de réforme sera annoncée mi-avril. Les syndicats et associations seront conviés.
Le CNC n’a aucun chiffre sur les délocalisations de la post-production. À nous de finaliser (vite!) le tableau FICAM des films 2016 pour avoir un chiffre fiable qui pourra appuyer notre demande.
Il faut absolument obtenir le soutien des réalisateurs à titre individuel et/ou par leurs associations dans notre combat pour être reconnu comme "cadre collaborateur de création" par la convention puisqu'il s'agit d'une pierre d'achoppement dans le jeu de ping-pong entre le CNC et la CMP.
Soutien
La Société Civile des Auteurs-Réalisateurs-Producteurs (l’ARP) a fait un communiqué de presse le jour-même pour exprimer son soutien à notre mobilisation et appeler à une “conciliation rapide entre producteurs et techniciens” .
Couverture médiatique
Le Film Français a publié un article à ce sujet (en intégralité en pièce jointe), ainsi qu’Ecran Total (ici, au chapitre E.T. Social, avec une erreur : nous ne demandons pas 700€ "d'augmentation", mais 364€).
Notre mobilisation a également été suivie par une journaliste de BoxSons, une webradio qui émettra dès mi-avril.



Les artisans de la postproduction sonore prennent la parole
L’Association des mixeurs (ADM), l’Association française du son à l’image (AFSI) et...
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