Le Dolby Atmos :« Révolution » immersive au cinéma
Mémoire de Anna Devillaire. FEMIS Promotion 2023
EXTRAIT DU MEMOIRE
Malgré une volonté d’amélioration des technologies utilisées pour le cinéma, le son
n’est souvent pas la priorité. Prenons l’exemple du 5.1 : il a été créé en 1970 mais ne
commencera à envahir les salles qu’à partir des années 90. Il en va de même pour la
stéréophonie qui existait dès les années 50 mais ne se retrouvera en salle qu’à partir de
1975. L’expérience cinématographique est souvent classée selon un schéma additif dans
les théories cinématographiques classiques. Il y aurait d’un côté les images et de l’autre
le son, les deux perceptions n’étant pas forcément intrinsèquement liées mais
superposées. Des cinéastes comme Gus Van Sant s’en déferont. Robert Bresson dit ceci
de sa conception du son :
« Le son c’est l’espace. La voix entendue comme bruit donne la troisième dimension à
l’écran. Quand on a cherché le relief au cinéma, cela n’avait aucun intérêt, on se
trompait. Car le relief, il était là. Avec le son, tout à coup, l’écran se creuse, on a
l’impression qu’on peut toucher les gens, passer derrière eux. »2
Ainsi, ce serait le son qui viendrait donner son relief aux images. Il viendrait ajouter la
troisième dimension à des images n’en comportant que deux. J’ai toujours trouvé cette
idée intéressante ; faisant du son, de sa spatialisation et de ses évolutions, des sujets me
passionnant. Au cinéma, depuis le 5.1, il n’y a eu que peu d’évolutions technologiques
sonores concernant la méthode de diffusion des films, DTS et Dolby en étant souvent à
l’initiative. DTS acquiert en 2012 le brevet de MDA « Multi Dimensional Audio »,
première plateforme de son surround en trois dimensions orientée objets en rachetant
SRS Labs (MDA deviendra le DTS:X en 2015). Au même moment, Dolby Laboratories
développe aussi un outil de son surround en trois dimensions orienté objet : le Dolby
Atmos. En 2012, Rebelle, film d’animation réalisé par Brenda Chapman et Mark
Andrews devient le premier film à être diffusé en Dolby Atmos au cinéma.
Au-revoir Là-Haut d’Albert Dupontel est le premier film sur lequel je suis confrontée au
Dolby Atmos. Je n’avais jamais entendu parler de cette technologie avant d’y être
formée chez Cinéphase, entreprise dans laquelle je travaillais comme recorder. Je suis
2 BITOUN, Olivier, « Introduction à l’oeuvre de Robert Bresson », DVDCLASSiK, 4 mai 2005, URL :
https://www.dvdclassik.com/article/portrait-de-robert-bresson
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impressionnée par les rendus des objets sur la séquence de guerre du film, rendue bien
plus sensationnelle grâce à des effets moins perceptibles comme certaines
réverbérations ou des spatialisations de musiques. Je trouve que cela renforce les lieux
et donne d’avantage d’importance aux personnages. J’ai l’impression de découvrir un
nouvel outil narratif d’une grande puissance. Après ce film je suis de nouveau
confrontée à l’Atmos plusieurs fois dans le monde professionnel, notamment lors de
doublages comme sur Equalizer 2 d’Antoine Fuqua et sur des films de productions
françaises comme Nicky Larson et le Parfum de Cupidon de Philippe Lacheau. La
version Atmos de Nicky Larson, comme pour le film d’Albert Dupontel, vient après le
mixage 5.1. Alors que le film est déjà mixé et enregistré en 5.1, l’équipe vient upmixer
en Atmos. Ils ont donc des séquences bien précises en tête, des éléments déjà préspatialisés
qu’ils viennent ajuster. Ce qui est intéressant est de pouvoir comparer le 5.1
qu’ils ont fait et celui fait par le RMU à partir de l’Atmos. Sur les séquences remixées
en Atmos, le 5.1 produit grâce à l’Atmos est bien plus précis. Cela paraît assez logique
étant donné que les points d’écoute sont démultipliés, on mixe ainsi avec plus de
précision. Je suis toutefois assez stupéfaite du résultat. L’engouement de ceux qui ont
essayé cette technologie finira par me convaincre. L’augmentation des possibilités et la
précision étant améliorées dans tous les formats, certains mixeurs estiment que tous les
films pourraient être faits en Atmos même si seulement exploités en 5.1 en salles. Skip
Lievsay, mixeur et sound designer américain connu pour avoir remporté l’Oscar du
meilleur son pour Gravity en 2014 (devenant le premier film en Atmos à remporter un
Oscar) parle ainsi de son travail en Dolby Atmos sur le film Roma d’Alfonso Cuarón :
« [Avec l’Atmos] nous pouvions créer un espace sonore où le spectateur ne restait plus à
la porte. » dit Lievsay. « Nous pouvions désormais rentrer dans la scène et expérimenter
la part audio de l’image avec un nouveau plateau de réalité. Nous pouvions créer un
environnement où les sons se déplaçaient tellement précisément autour du spectateur
qu’il n’avait plus besoin de se demander ce qui se passait avec le son. Il pouvait
simplement se sentir comme à l’intérieur d’un événement auditif [Traduction libre]. »3
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