Après les JO, Louis Lumière restera dans ses locaux
2024 devrait être l'année de l'inauguration de la ligne 15, du calculateur carbone obligatoire sur les films, et surtout des Jeux Olympiques de Paris. Pour l'école de cinéma Louis Lumière, en revanche, cette année promet d'être animée pour d'autres raisons. En février dernier, l'AFSI vous informait d'un projet de déménagement définitif de l'école, qui était loin de faire l'unanimité. Depuis lors, la situation s'est quelque peu clarifiée : l'école devrait retrouver ses locaux de la Cité du Cinéma une fois les JO finis, après avoir réalisé une année d'enseignement "hors les murs". Mais, à cinq mois du lancement de opération, l'organisation s'annonce compliquée...
Commençons par résumer la situation : en 2017 (il y a six ans, donc…) on apprend que le Village des Athlètes des JO 2024 s'installera sur la Cité du Cinéma, rue Ampère à Saint Denis, où réside actuellement l'école. Pour quelques mois en 2024, celle-ci devra donc quitter les lieux. Combien de temps exactement ? Et comment aborder cette période, année blanche, relogement temporaire…? Jusqu’en septembre 2022, la direction parle d’une délocalisation de 4 mois, qui deviennent 12 mois voire 15. Différents bâtiments d'Aubervilliers sont envisagés pour ce déplacement, près du métro Front Populaire, dont les anciens locaux de l'école l'audiovisuel EICAR. Un déménagement provisoire y sera déjà une entreprise difficile ; mais le 25 janvier 2023, la direction annonce abruptement qu'il sera définitif. S'ensuit une levée de boucliers : une partie des professeurs, comme de leurs élèves, reprochent aux locaux choisis d'être impropres à abriter l'école sur le long terme, car trop petits, trop éparpillés (ils sont parfois à dix minutes de marche les uns des autres) et mal adaptés techniquement. Ils se plaignent également d'une décision prise sans concertation, de façon trop opaque... Et aussi bien trop tardivement : on est alors à moins d'un an du départ prévu.
Le projet de déménagement «définitif» de l’école : des sites de travail répartis entre les anciens locaux de l’école EICAR, deux autres bâtiments des Magasins Généraux (Docks 131 et 227), les studios de la Montjoie, et la Maison des Sciences de l’Homme (MSH Nord) du campus Condorcet.
Pas contents
Le 6 février, l’intersyndicale des personnel et étudiant-es publie une pétition pour informer et fédérer contre le projet. Le 13 février, les étudiant.e.s organisent une 1ère AG dans la cour de l'école. Associations professionnelles, syndicats et député.e.s sont contacté.e.s et se rendent sur place dans les semaines qui suivent, manifestant leur inquiétude pour l'avenir de l'école. De son côté la direction étoffe son projet : des acousticiens et architectes sont appelés pour rendre les installations plus adaptées à leur futur usage.
Le 20 mars 2023, les député.es Sandra Regol (Bas-Rhin) et Éric Coquerel (Seine-Saint-Denis) prennent la parole dans la cour de l’ENS Louis-Lumière accompagné.es de Kader Chibane, conseiller régional et conseiller municipal de Saint-Denis et Annie Lahmer, conseillère régionale d'Île-de-France.
Les opposants ne désarment pas : selon eux, ces modifications ne garantiront toujours pas des conditions d'enseignement satisfaisantes. Et les dépenses envisagées leur paraissent d'autant plus incompréhensibles qu'elles concernent un déménagement de seulement... dix ans.
En effet, on apprend entretemps que le ministère projette de réinstaller Louis Lumière d'ici une décennie, dans des locaux à Champs-sur-Marne. Un déplacement qui s'inscrirait dans l'intégration de l'école au pôle universitaire Gustave Eiffel. Pourquoi alors, se demandent certains, vouloir entamer dans la précipitation un projet de déménagement aussi lourd alors qu'il suffirait de rester quelques années de plus à la Cité du Cinéma et préparer sereinement le déplacement à Champs-sur-Marne ?
Fort des arguments développés dans sa pétition, et dans une tribune parue sur Libération, l'intersyndicale rencontre le rectorat début avril, pour lui faire part de ses craintes ; et ressort avec la promesse de davantage de concertation, avec la création d'un comité de suivi spécifique chargé de piloter le devenir de l'école pendant la période des JO, ainsi, à moyen terme, que son intégration au Pôle Gustave Eiffel. Ce comité regroupera des membres de la direction, du ministère, du rectorat et de l'intersyndicale.
L’école quittera l’université Paris Lumière pour rejoindre le pôle universitaire Gustave Eiffel : nouvelles ressources, nouveaux partenaires et missions… Pour finir avec un déménagement à Champs-sur-Marne prévu pour la prochaine décennie.
Retard de chantier et nouvelle mouture
Or en parallèle, une nouvelle évaluation du projet de la direction conclut que le calendrier des travaux devra être décalé de deux mois. Impossible alors pour l'école d'être dans ses nouveaux locaux pour janvier 2024 comme prévu ! Coup de théatre, la direction informe le 29 avril toutes les communautés de l’école d'une "proposition de dernière minute qui permet de rouvrir la négociation sur un éventuel deuxième bail à la Cité du Cinéma".
Pour comprendre, il faut savoir que la décision de quitter la rue Ampère était motivée par des loyers jugés trop élevés. Or ces loyers sont versés à un organisme largement public (la Nef Lumière, détenue à 97,5% par la Caisse des dépôts). Les opposant.e.s au déménagement poussaient donc pour une renégociation du bail, comme le résume un membre de l'intersyndicale : "Comme c'est l'État qui gère l'école, et l'État qui encaisse les loyers, on se dit qu'il y a peut-être moyen de négocier". Par ailleurs, l’information avait circulé depuis un moment que le bailleur avait fait une proposition.
Le 21 juin 2023, la direction dévoile enfin son programme : les discussions avec le bailleur ont porté leurs fruits. L'école retrouvera bien la Cité du Cinéma après les JO, grâce à un loyer plus accommodant (et va même jusqu’à s’en féliciter !).
Concernant la fameuse année 2024 : de janvier à décembre, l'enseignement sera éclaté entre différents sites, notamment la MSH Nord à Aubervilliers (administration, CDI, salles de cours), les studios de la Montjoie (tournages, laboratoires des professeurs), et La Boîte, dans le 19E arrondissement (post-productions, salles de cours, laboratoires des professeurs).
Enfin les autres travaux (mixage musique, ciné, radio, salle d'expo) auront lieu chez d'autres prestataires. De même que le laboratoire argentique (dans le 11E arrondissement) et la salle de projection (chez TSF).
Le programme de relocalisation de l’année 2024 : une école éclatée sur plusieurs sites, entre Aubervilliers et le quart Nord-Est parisien.
(Toujours) Pas contents
Mais cette répartition laisse sceptiques les professeurs contacté.e.s, inquiet.ète.s des faibles surfaces disponibles... et du sort réservé aux travaux personnels des élèves, alors même que ceux-ci sont normalement encouragés pour accélérer leur maîtrise des outils. Pour le reste, les professeurs rentrent la tête en s'attendant à des moments difficiles. "Nous avons anticipé au mieux en calant le plus possible de cours nécessitant les installations avant Noël... mais nous ne savons pas où les étudiants pourront pratiquer en non-encadré", nous confie-t-on. "C'est sûr qu'il ne pourra pas y avoir autant de choses de faites avec les installations qui d'habitude tournent quasi tout le temps" renchérit un autre.
L'ambiance dans l'école n'a donc pas l'air d'être encore à une sortie de crise apaisée. Plusieurs professeurs et étudiant.e.s nous décrivent une direction toujours aussi peu transparente, et avare d'informations, alors que le chantier de l'année prochaine s'annonce titanesque. Lors de notre visite au mois de mai, rien de concret n’avait été entamé pour préparer le déménagement. Aucune visite des futurs locaux ne sera organisée avant septembre. Le CA a dû voter le projet sur une simple adresse, et un métrage carré.
Par ailleurs, quel que soit le regard qu'on porte sur cette affaire, on ne peut que s'interroger sur le manque d'anticipation et de concertation qui semble caractériser ce dossier depuis maintenant six ans. On espère en tout cas que le souci d'une pédagogie d'excellence, pour des élèves ayant passé un concours difficile, permettra de guider l'établissement au mieux dans les épreuves qu'il lui reste à traverser…
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