« Il est où ce con de perchman ? »
On connait la célèbre citation du réalisateur Jean-Pierre Mocky, on connaît également le « connard du son » enseigné à de futurs comédiens par Francis Huster lors d’une masterclass, mais ce qu’on connaît moins, c’est l’origine du mal que génère souvent la présence de la perche sur un plateau de tournage.
Touchant aussi bien les anonymes que les personnalités, comme vient d’oser le révéler Catherine Corsini dans l’interview donné au Monde daté du 17 mai et dans laquelle elle confie « une perche dans le champ me met hors de moi (1)», ce mal touche tout le monde, ou presque.
Heureusement une équipe de neurobiologistes Australo-canadienne vient d’apporter un début de réponse à cette phobie en publiant un article dans la célèbre revue scientifique « The Lancet ». Enfoui dans notre cerveau reptilien, la perche ferait ressortir une peur ancestrale qui remonterait au paléolithique.
Comme le hululement du loup qui déclenche en nous le besoin de s’enfuir, la perche qui se meut au dessus de nos têtes rappelle une époque où les moyens de communication se résumaient souvent à un coup sur la « calbasse » ou dit autrement un bon coup de massue sur la tronche. (cf « La guerre du feu » de J-J Annaud, RRRrrrr ! d’Alain Chabat ou encore « Pourquoi j’ai mangé mon père » de Jamel Debbouze)
Des expériences concluantes
Pour en arriver à cette conclusion, l’équipe Australo-Canadienne a d’abord mené des expériences sur des animaux. Le chat par exemple, même domestiqué, comme peut l’être parfois l’être humain, montre systématiquement des signes de peur à l’approche d’une main au dessus de sa tête. Il baisse les oreilles, baisse la queue et a besoin, au minimum, de sentir la main pour être rassuré. C’est un réflexe. Même résultat sur les chevaux. Un oiseau, une branche ou une perche génère systématiquement une crainte, un besoin de fuir même chez les spécimens les plus civilisés. La réaction engendrée peut inciter le cheval à se cabrer et à détaler au risque de se blesser ou de blesser son entourage. Là encore c’est un réflexe instinctif.
Et bien les nombreuses expériences faites sur les plateaux de tournage mettent en avant le même réflexe chez l’humain. Une perche ou un micro qui rentre dans le champ de la caméra, c’est l’équivalent de la massue qui arrive, symboliquement, de façon ancestrale, dans notre champ de vision. Cela déclenche une peur parfois incontrôlable qui pousse la victime à hurler sa douleur et à s'en prendre au responsable, c’est à dire « ce con de perchman ». C’est l’instinct de survie qui parle.
Les images cérébrales réalisées par l’équipe de neurobiologistes Australo-canadienne confirment ces expériences. La vue de la perche, particulièrement quand elle est équipée d’une bonnette anti-vent agit comme un stimulus directement visible au niveau de l’amygdale, siège des peurs innées, encore appelées peurs fondamentales.
Un début de piste pour les traitements ?
Il n’y a malheureusement pas encore de traitement médical ou pharmacologique à administrer pour les personnes atteintes de ce syndrome. Ce n’est pas pour autant qu’il faut négliger cette pathologie. On recommandera, pour éviter les infarctus ou les lésions auditives - dues aux cris - d’une part de faire sentir et caresser la perche afin que les personnes sensibles puisse faire descendre le stress avant les prises. En cas de crise aigüe, il est recommandé de mettre la victime en position foetale et de simuler symboliquement une re-naissance.
En cas d’incompatibilité ou de crises chroniques, le meilleur traitement reste le film muet.
De son coté notre association se battra 1) pour faire reconnaître cette pathologie comme maladie professionnelle 2) pour faire reconnaître le poste de perchman comme métier à risque.
Pour en savoir plus : The Lancet « The scared of boom buried in reptilian brain »
Le Monde, 17 mai (payant ou accès abonné) "Cannes 2023 : pour Catherine Corsini, réalisatrice du « Retour », « il y a un fond de misogynie » dans ce qu’on lui reproche.
- C.C. " Je suis intense et sans doute éruptive par moments, par trop d’inquiétude et de pression que je me mets pour réussir une scène. Je ne crie jamais contre les acteurs…[…] En revanche, une perche dans le champ me met hors de moi et je peux crier : « Perche ! Perche ! » Le film était très compliqué parce qu’on a travaillé avec la lumière naturelle. On avait une demi-heure pour faire certaines scènes avant la tombée de la nuit."
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