L' AFSI et la transmission des savoirs
Association Française du Son à l'Image
Notre association s'organise en quatre Collèges: tournage, montage, mixage et broadcast. La réflexion sur latransmission du savoir et la question des stagiaires qui suit porte essentiellement sur l'équipe son de tournage et se prolonge dans les spécificités des programmes de flux. À cela s'ajoute une note du Collège montage qui se rallie pour l'essentiel au texte de l'association LMA.
Collège Tournage
À chaque tournage revient systématiquement la discussion toujours difficile de la présence d'une troisième personne au sein de l'équipe son. Certes, tous les projets n'ont pas les mêmes besoins. Il en va de la responsabilité du chef opérateur du son d’évaluer si une troisième personne est nécessaire ou pas. Mais depuis quelques temps la réponse est trop souvent: il faut trouver "un stagiaire conventionné".
D'une part:
L'objectif d'un stage est purement pédagogique. Le stagiaire conventionné est une personne en cours de formation initiale dans une école ou? un organisme de formation professionnelle. Sur un plateau de tournage, il est un observateur averti et doit être encadré par un professionnel référant pédagogique, selon les modalités du stage.
Nous considérons qu'un stage est la première étape du long processus de la transmission des savoirs. C'est une introduction qui permet d'acquérir le minimum requis pour effectivement "entrer en profession" et continuer alors d'apprendre tout en pratiquant.
D'autre part:
L'évolution de nos métiers nécessite la création d'un troisième poste dans l'équipe son tournage.Cette troisième personne n'est pas une vue de l'esprit, et ne doit pas être considérée uniquement comme une charge quantitative ou financière. Ce ne sont pas deux bras pour porter les caisses, dérouler des câbles, ou aller chercher un café à la demande. C'est un professionnel responsable qui connait déjà le matériel, la perche, sa place sur le plateau vis à vis d'une équipe de professionnels, avec un contrat et une rémunération ad hoc. Notre travail a changé avec l'évolution du matériel et celle des demandes et contraintes de mise en scène, de montage et de mixage, parallèlement aux nouveaux outils de diffusion.
Aujourd'hui, la prise de son direct c'est:
-l'enregistrement sur multipiste.
-la prolifération des micros HF, avec tous les problèmes inhérents aux costumes et à la relation aux acteurs.
-le recours à une seconde perche pour garder des hors champs, ou pour réaliser une continuité sonore bien plus vivante et esthétique que des micros péniblement accrochés “sous la gorge” des comédiens.
-les prises de son stéréo voire multicanale.
-la prise de son avec plusieurs caméras.
-la gestion des différents systèmes d'écoute sur le plateau.
-les raccords et les sons seuls, durant la journée de travail ou en dehors des heures de plateau, notamment avec la figuration, les Versions Internationales.
-la gestion de décors ou accessoires bruyants ou à traiter acoustiquement.
-la gestion des systèmes de synchro, des différents formats de fichiers son pour la synchro et le montage en remplacement de l'étape de travail du «repiquage».
Dans le même temps, les rythmes de travail n'ont pas ralenti, au contraire.
Nous établissons donc clairement une distinction entre le stagiaire son et le deuxième assistant son:
Le stagiaire n'est pas encore un professionnel. La période de stage sous convention, doit être définie par l'organisme de formation en adéquation avec l'objectif pédagogique. À la fin de son cursus et s'il le désire toujours, il intégrerait une équipe son en tant que professionnel sous la désignation de "deuxième assistant" ou "assistant adjoint". Le stagiaire conventionné ne remplace pas le besoin d'une personne professionnelle et salariée. D'ailleurs il n'a pas la disponibilité de ce dernier. En effet, le cadre législatif pour le déroulement des stages en milieu professionnel établit en mars 2006 stipule que le stagiaire est considéré non pas comme un salarié mais comme un étudiant et qu'il n’est donc pas lié à l’entreprise par le même type d’engagement *
Le deuxième assistant, ou assistant adjoint, fournit quant à lui un travail effectif. Il a un contrat et un salaire correspondant. Cette troisième personne dans l'équipe son est importante pour les raisons évoquées ci-dessus, mais aussi parce qu'elle est dans la continuité du processus de la transmission des savoirs initiée lors du stage conventionné.
Il y a aujourd'hui un décalage entre ce que l'on exige de notre travail et les moyens humains que l'on nous accorde. Il s'agit de remettre en phase cette exigence et ces moyens afin de préserver la qualité de notre travail et de favoriser la transmission des savoirs; préserver la qualité de l'échange avec les acteurs, le réalisateur, les autres métiers du plateau, et au final, garantir la qualité de tous ces temps de captations sonores et visuelles non reproductibles.
* Source: "Cadre juridique du recours aux stagiaires en entreprise", CNC Service des procédures de contrôle.
Collège Broadcast
Pour le « broadcast », il y a systématiquement plusieurs caméras. C’est un peu plus lourd, car le temps de tournage « utile » par jour est plus important et la gestion des systèmes d’interphonie est incontournable. Donc on commence déjà avec une équipe de trois personnes. Mais comme pour nous aussi ce n’est pas suffisant, il nous faut une quatrième personne. ?A ce moment-là de la réflexion, la réponse des productions (et pas franchement combattue par nous) est immanquablement l’emploi d’un stagiaire « conventionné ». Que veut dire ce joli qualificatif ? Que le stagiaire a accepté, au nom de « mettre un pied dans le métier » ou de « étoffer son carnet d’adresse » de travailler 10 heures par jour sans être payé. Il s'agit bien de travailler, car si les rythmes s’accélèrent, les « perchman » ne peuvent quitter la face pendant les mises en place, pas plus que le chef-op. Il ne reste donc plus que le stagiaire pour s'occuper de la gestion des micros HF. C’est donc le moins aguerri qui va s’occuper de la partie la plus « délicate », à savoir la gestion des comédiens et l'apprentissage de son nouveau métier spécialiste de la mécanique des tissus. Métier plutôt empirique et relativement éloigné de toutes les formations théoriques scolaire.
Chez les prestataires des productions de flux, les stagiaires sont juste un réservoir inépuisable de main d’œuvre gratuite. ?À vrai dire nous n’avons pas vraiment accès aux données. Combien de stagiaires sur chaque émission ? À quel tarif ? Pour quelle durée ? Si dans la fiction, c’est déjà « tendu », en broascast c’est carrément la jungle. Que pouvons-nous souhaiter pour les productions d’émissions dites de flux ?
L'univers de la télévision attire toujours autant les jeunes générations. Les « écoles » ou filières de formation sans prise réelle avec la réalité professionnelle pullulent. Les jeunes sont courageux et prêts à de nombreux sacrifices pour entrer dans le système. ?Mais contrairement à la fiction, ils ne sont pas « attachés » à un « maître de stage » mais à un planning. Le jeune qui tire les câbles ou charge les caisses aura au mieux accès au réglage des racks de HF ou des pupitres commentateurs, et ceci grâce à l’entraide et aux astuces trouvées par d’autres personnes dans son cas. ?En fait il n’apprendra jamais une vision globale de son métier. Pourtant, il remplace réellement un poste qualifié, mais personne ne sera là pour lui montrer comment faire (d'autant plus que chez les prestataires maintenant, il y a une réelle coupure entre ceux qui restent toute la journée en cabine dans le car et ceux qui triment sur le terrain). Donc au mieux, le stagiaire se fait des potes.
Les prestataires malins se frottent les mains, car pour répondre à la baisse permanente des coûts de fabrication, ils ont inventé la déqualification vers le bas de toute l’échelle des salaires. Le stagiaire fait le travail de l’assistant son 2 mais pas avec son salaire, l’assistant son 2, celui de l’assistant son 1 et ainsi de suite.
Collège Montage
La situation des stagiaires au sein du montage son se rapproche énormément de l'analyse faite par les monteurs associés (LMA), avec quelques petites nuances liées à notre spécificité.
Comme les temps de post-production diminuent fortement et étant donné que les équipes de montage son se réduisent à la portion congrue (on commence à considérer qu'une équipe constituée d'un chef monteur et un assistant devient un luxe) le stagiaire a du mal à trouver sa place. Souvent nous sommes dans l'incapacité de répondre à toutes ses questions par manque de temps.
Dans notre situation, les seuls stagiaires acceptés par les productions sont des étudiants en convention de stage et non rémunérés (parfois les productions leur octroient un panier-repas). Pour lever toute ambiguïté, il est précisé aux productions que le stage est un "stage d'observation".
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