Atelier : Traitement des dialogues en auditorium (2008)
Compte rendu de l'atelier « Traitement des dialogues en auditorium »
C'est le tout premier atelier AFSI, organisé par François Groult
Cet atelier proposé pas notre ami Gérard Lamps s'est déroulé le samedi 20 décembre 2008 dans
l'auditorium de Dovidis, rue de Lourmel.
Il a réuni une vingtaine de nos confrères et membres AFSI et SDO.
La journée a commencé par une présentation des différents paramètres à prendre en compte avant
tout travail sur les dialogues d'un film en langue française. Gérard nous honorés de ses
connaissances en la matière et ceci d'une façon très pédagogue, claire et précise.
En voici un résumé des opérations généreusement offert par Maître Gérard himself:
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Le traitement des paroles lors du mixage pour le cinéma d'un film en langue française
Ce qui sera dit ici est le résultat de l'expérience des quelques années d'abord en TV puis en cinéma.
La diffusion à la TV a beaucoup évolué et je n'ai pas mixé pour celle ci depuis fort longtemps, les
indications données sont donc à prendre avec précaution et éventuellement à adapter.
C'est l'évolution d'un travail personnel, qui a fait ses preuves, mais qui ne peut être considérée
comme LA bonne manière de faire. C'est UNE manière de faire qui intervient comme UN maillon
de la chaîne sonore.
Pour certains je risque d'enfoncer des portes ouvertes mais je pense qu'il n'est pas mauvais de
revenir aux fondamentaux.
Il y a beaucoup d'éléments subjectifs dans le traitement des paroles, mais il y a AUSSI des éléments
objectifs.
1. Pourquoi traiter les dialogues ?
Pour obtenir la cohérence de passage dans les salles (on peut comparer ça à du « mastering » pour
les disques).
Dans les salles de cinéma la réponse en fréquence des haut parleurs et l'acoustique ne sont pas
toujours réglées de façon optimum. Les fréquences basses et aigües sont en général les moins bien
étalonnées.
Le manque ou l'exagération dans l'une ou l'autre de ces parties du spectre déséquilibre la courbe.
Un manque de basses donnera l'impression d'un son trop aigu ou « étriqué », à l'inverse un manque
d'aigües donnera l'impression d'un son « bouché » et/ou d'une teneur en basses trop forte.
Une telle impression peut influer énormément sur la perception du message parlé et amener, par
effet de masque des basses sur les aigües, une incompréhension partielle ou même totale des
dialogues.
On est donc amené à réduire la bande passante des paroles afin de se retrouver dans une plage où
elles conserveront leurs caractéristiques propres (couleur, grain etc) tout en restant compréhensibles
et agréables quelque soient les conditions de diffusion.
Il faut trouver LE « compromis » acceptable qui permettra au film d'être perçu « tel qu'on le
souhaite » dans le plus grand nombre de salles.
C'est là l'une des grandes différences avec l'écoute d'un disque. En principe le film est vu une seule
fois par la plupart des spectateurs, la perception du déroulement du récit doit donc être immédiate.
Or dans les films français le « message » est souvent contenu dans le dialogue.
Les dialogues en langue française contiennent deux difficultés majeures :
– Ils sont souvent le vecteur de la compréhension du film.
– Ils proviennent d'une langue sans accent tonique.
La couleur du son final est influencé par beaucoup de paramètres. En particulier :
– La qualité et la structure du son direct.
– La qualité du transfert du son direct.
À partir du moment ou on transfère un son d'un appareil à un autre (enregistreur, station de
montage, console etc...) il y a « interprétation » du signal par la machine aussi bien en analogique
qu'en numérique.
Il est préférable de parler d' « interprétation » que « dégradation » car l' « interprétation » peut
apporter soit du négatif soit du positif alors que la « dégradation » a une connotation forcément
négative.
La qualité du travail de l'ingénieur du son de mixage. Elle est conditionnée par :
– Sa capacité d'analyse, capacité de synthèse, connaissances techniques, capacité à utiliser le
matériel, etc...
– La qualité de l'auditorium.
Lors du traitement il va essayer de faire en sorte que son intervention soit « positive »:
– La cohérence entre les différentes prises.
– La cohérence entre directs et post-synchronisations.
– L' intégration avec les autres sons du mixage.
– La cohérence entre mix 5.1 et LtRt, c'est à dire entre numérique et optique, pour éviter
plusieurs mix (problème économique).
2. Comment traiter les dialogues ?
On ne parle ici que du traitement pour un film en français . Pour une autre langue il
peut être différent. Il dépend en effet de la structure de la langue.
Les langues à accent tonique permettent un rapport paroles/effets beaucoup plus
« serré » que les langues « plates » c'est à dire sans accent tonique.
Les langues à large spectre (ex: anglais) tolèrent des bandes passantes beaucoup plus
étroites que les autres.
1- Tout d'abord on étudie la « structure » du son direct. Le son est il constitué de:
– La perche seule
– Des HFs seuls
– De la perche et des HFs
– Les HFs sont ils des "secours"
– Font ils "partie intégrante du son"
2 - Les différentes pistes sont elles utilisables ?
En principe ce problème « d' utilisable ou pas » est résolu en salle de montage, soit par décision de
l'ingénieur du son de direct (par inscription sur le rapport) soit par décision du monteur parole qui
prendra quand même le soin de mettre de côté et accessibles les pistes supprimées.
En fait se posent un certain nombre de questions sur le fait de supprimer ( ou d'atténuer) ou pas
certaines pistes (ou des morceaux de piste).
Par exemple :
– Si les HFs font partie intégrante de la structure du son et que pour une raison de scratch on
se trouve dans l'obligation de supprimer tout ou partie de la piste, pourra t' on compenser le
manque spectral par le son de la perche sans que ça s'entende par rapport aux prises de part
et d'autre ?
– Est il possible de ne remplacer que la syllabe incriminée ? Etc etc
3 - Les différentes pistes sont elles en phase ?
Cette question, purement technique, est de préférence à régler en salle de montage.
4 - Le traitement fréquentiel.
– Tout d'abord on utilise un filtre PH-PB. Dans mon cas il est réglé sur 80Hz/8000Hz (c'est la
règle des 400000 revue pour tenir compte du filtrage opéré par l'écran).
Pourquoi alors enregistrer « pleine bande » en amont ?
Parce qu'un son « riche » fera toujours « riche » après coupure alors qu'un son « étriqué » restera «
étriqué ». A moins de filtrer de façon « téléphonique » on n'arrivera pas à raccorder ces deux sons.
Et encore...
– On recherche les fréquences gênantes en utilisant la « cloche positive à fort coefficient de
surtension (« Q») (merci WF).
– On effectue éventuellement un « nettoyage » avec denoisers, deesser etc...La structure
spectrale du son enregistré sur le plateau peut ( et va) varier lors du mixage puisqu'elle va
être fonction des autres sons (ambiances, effets, bruits, musique ), on va donc
éventuellement jouer sur les rapports perche/HFs ou sur différents filtres afin de "colorer"
plus ou moins le son en fonction de ce que l'on désire obtenir.
En conséquence je ne fais aucun pré-mixage paroles, tous les éléments arrivent de front sur la
console afin d' « orchestrer » les sons entre eux.
5 - Le traitement en dynamique.
La dynamique cinéma est de 40/43dB max pour tenir compte de l'équation « sièges les plus
rapprochés/ sièges les plus éloignés ».En effet, le spectateur du premier rang ne doit pas sortir avec
les tympans crevés et le spectateur du dernier rang doit pouvoir entendre les sons les plus faibles.
La dynamique des paroles, plus encore que celle des autres éléments, doit être maîtrisée pour que
l'écoute soit très « confortable ».
Moins on le traite, mieux le signal se porte, d'où l'intérêt d'un BON son direct.
Gérard Lamps 20/12/2008
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Après cet exposé magistral passionnant, nous nous sommes restaurés frugualement.
Puis vinrent les TP: les Travaux Pratiques.
Pour ce faire, certains d'entre nous étaient venus avec quelques exemples concrets de séquences
délicates, sur des sessions ProTools. Merci à Julien, Dorian et Damien.
Le premier à s'y coller fut l'ami Yves-Marie Omnes. Sous les acclamations de la foule, Yves-Marie
s'est donc assis derrière la console (Euphonix) et face au ProTools.
Une image en QuickTime était projetée sur l'écran.
L'exemple choisi était une séquence du film « Paris » de Cédric Klapisch.
Cette séquence fut choisie en raison de l'environnement sonore très chargé et des différences
sensibles de « couleur » de prise de son et des écarts entre les tessitures et la dynamique des voix
des deux comédiens (François Cluzet et Fabrice Luccini).
Le but étant donc d'assurer la cohérence et la compréhension des dialogues de cette séquence.
Yves-Marie a choisi d'oeuvrer avec la console: niveaux, corrections, dynamique. Il n'a pas failli,
loin s'en faut, et les avancements, lents mais assurés, vers le but final tout à fait positifs.
Puis vint le tour de Benjamin Cabaj. Une autre séquence de « Paris » fut choisie: un marché.
Cette fois Benjamin préféra travailler directement sur le ProTools en y insérant des plugs et en
maniant la souris. Le résultat fut également probant et l'assistance apprécia.
Dernier essai en direct devant la foule attentive: un court-métrage. Cette fois ce sont Dorian
Darcourt et Damien Tronchot qui s'y sont mis avec maestria et ténacité.
Nous nous sommes enfin quittés aux alentour de 19h avec la satisfaction d'avoir appris des choses,
heureux, comblés et impatients de remettre ça très vite. Eh bien l'Afsi s'y remet illico !
Merci à Jean-Paul Loublier de nous avoir ouvert les portes de Dovidis.
Merci au très sympathique Jonhatan qui nous a assisté avec compétence et discrétion.
Merci à tous ceux qui sont venus les mains pleines de victuailles pour le picnic.
Bravo à l'Afsi et Sdo d'avoir proposé ce premier atelier à ses membres.
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