Naissance d’une vocation

À part ceux qui l'ignorent parce qu'ils n'en savent rien, et réciproquement, nul n'est censé méconnaitre le fait suivant :

En rentrant de l'école, le jeune Philippe Chenevez, cheveux en pétard style Géo Trouvetou, lunettes Harry Potter, s'arrêtait toujours devant la photo de Pierre Dac photographié devant son micro en 1935 par Brassaï.

Ce portrait trônait dans le vestibule de la maison familiale et Philippe lui parlait : « Tu sais, quand je serai grand, moi aussi je veux être derrière un micro. »

Les parents de Philippe étaient fans inconditionnels de Pierre Dac, ne manquaient jamais le feuilleton radiophonique Signé Furax écouté par des millions d'oreilles postées devant leur radio. En 1957, Guy Mollet, alors Président du Conseil, après avoir annoncé la démission de son gouvernement, interrompit une réunion à l'Assemblée en déclarant aux journalistes « Messieurs, je dois vous quitter, c'est l'heure de Signé Furax. »

Quelques années plus tard Philippe Chenevez, après un BTS Cinéma option Son à Vaugirard-Louis Lumière en 1984, suivit des études d'acoustique et vibrations au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) et y obtint son diplôme d'ingénieur.

Pendant six années de prise de son, puis un passage chez VDB, le portrait de Pierre Dac lui trottait toujours dans la tête, parfois jusqu'à l'obsession.

Il avait remarqué au cours de sa courte carrière de perchman, la difficulté de percher avec des micros hypersensibles. Le fameux Beyer M 160 avait connu son heure de gloire et appartenait au passé et, à part quelques irréductibles, les ingénieurs du son ne juraient que ...

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