Plastique vs carton, quel gobelet pour ma pause café ?
Que ce soit en tournage, en émission de plateau ou en post-production, une machine est tout le temps présente : c'est la machine à café - ou sa cousine la bouilloire, pour les amateurs de thé. Or une fois la boisson prête, il faut bien un contenant pour le boire... Et là arrivent les problèmes. Car sur un tournage d'un mois soit 20 jours, à raison de 2 cafés par jour, ce seront environ 40 gobelets qui seront jetés pour une personne. Sur une équipe comprenant, disons, 30 buveurs de boissons chaudes, le chiffrage grimperait donc à... 1200 gobelets. En France, ce seraient 130 gobelets par seconde qui partiraient à la poubelle, soit plus de 4 milliards par an. La question du coût environnemental de ces contenants se pose donc. Le plastique à usage unique ayant, de plus en plus, une mauvaise presse, on le remplace depuis peu par son équivalent en carton : le carton, ça se recycle, et en plus ça met moins longtemps à se dégrader si ça finit dans la nature. Alors, problème résolu? Pas si sûr.
Le gobelet en carton est aussi... en plastique
C'est logique : versez de l'eau chaude sur du carton et vous verrez le résultat. Il est donc impératif d'étanchéifier le gobelet. Pour ce faire, une fine membrane de plastique (polyéthylène) en tapisse l'intérieur. Coupons donc court au mythe d'un gobelet biodégradable, le gobelet carton n'a pas à finir dans la nature et puis c'est tout.
Qui est encore assez rustre pour faire une chose pareille ? vous demandez-vous. Eh bien, non seulement il reste de nombreux indélicats (regardez les bords d'autoroute...) mais surtout, une importante proportion de ces gobelets finissent... en décharge (environ 40% selon Zerowastenantes). 60% seraient incinérés, et seuls 1% seraient correctement recyclés.
Pourquoi si peu de recyclage ? En théorie, celui-ci ne pose pourtant pas de problème, comme le précise Sylvain Pasquier de l'ADEME : "la fine membrane en plastique qui recouvre l'intérieur du gobelet est séparée du reste par le pulpeur de l'usine papetière. Cette couche de film n'est pas recyclée, elle part dans le résidu, mais l'essentiel du gobelet est recyclé, donc il faut le trier dans le bac jaune" (déclaration pour 18h39.fr).
Toutefois, cette opération complexifie le processus de recyclage, induisant une baisse de rendement, comme l'indiquait le CEREC (Comité d’évaluation de la recyclabilité des emballages papier-carton) en 2018, qui invitait à garnir ces gobelets avec le moins de plastique possible (source ici). En France, le gouvernement fixe ainsi à 8 % en 2024 la teneur maximale de plastique autorisée. Mais surtout, le tri n'est pas toujours observé avec rigueur par les Français.
Pour donner toutes ses chances au recyclage, il faut donc commencer par jeter ces gobelets carton dans la poubelle à papiers, en respectant ces consignes simples :
-déposer à la benne des gobelets vidés (pas besoin de les laver)
-jeter séparément les différents accessoires : paille, couvercle, porte-gobelets, pour faciliter le tri du recyclage.
Et c'est tout !
Les émissions liées au cycle de vie
Au-delà de la question des déchets, la fabrication d'un gobelet en carton demanderait une énergie d'environ 0,21 MJ (d'après le podcast Café Vert). C'est 2 fois moins qu’un gobelet plastique (0,39 MJ) et 70 fois moins, à titre de comparaison, qu'un mug en porcelaine.
Sur l'ensemble du cycle de vie, Zerowastenantes calcule que le gobelet carton reste plus intéressant que son cousin en plastique en termes de gaz à effet de serre. En Belgique, l'Agence Publique des Déchets dans les Flandres (OVAM) a publié en 2017 des conclusions similaires en comparant plusieurs types de contenants ("Studie draaiboek drink- en eetgerei op evenementen - eindrapport"). A première vue, remplacer des gobelets jetables en plastique par du carton semble donc être un pas dans la bonne direction.
Toutefois ces différentes études le disent : le gobelet carton, il y a pire, certes, mais surtout il y a mieux. D'une part, sa fabrication est gourmande en eau (152 cL contre 0,5 cL pour la version plastique). Ensuite, il n'est intéressant que s'il est correctement recyclé, et nous avons vu que vous n'y sommes pas encore. Enfin et surtout, ça reste du jetable. En d’autres termes, chaque gobelet aura suivi le cycle de vie suivant :
-consommation d'1,5 litre d'eau pour la fabrication
-transport par camion, sur une moyenne de 500 km, jusqu'au lieu d'usage
-utilisation entre 5 et 15 minutes pour la consommation d'une boisson
-mise à la poubelle
-trajet de 50 km en moyenne jusqu'au lieu de traitement
-incinération, enfouissement ou (1% des cas) recyclage.
On a presque envie de dire : tout ça pour un café ?
.
Ni plastique, ni carton, mais du réutilisable
Zerowastenantes et l'OVAM tombent d'accord sur ce point : le gobelet réutilisable est le grand gagnant de ces comparaisons d'impact. En prenant l'exemple du gobelet réutilisable en polypropylène (PP, type Ecocup), Zerowastenantes obtient ainsi les conclusions suivantes :
-tous indicateurs confondus, l'Ecocup a moins d'impact sur l'environnement que le gobelet carton après 14 utilisations. En plus, il se recycle (dans des filières spécialisées).
Le site Café Vert estime lui que même le mug en porcelaine, pourtant bien plus émetteur à sa fabrication, devient plus intéressant pour l'environnement que les gobelets cartons s’il est utilisé plus de 30 fois.
Et la consommation d’eau pour laver ma tasse ? diront certain.es. Tant que l'on fait la vaisselle avec économie, cet impact est négligeable : à comparer aux 1,5 litres d'eau nécessaires à la fabrication d'un gobelet.
En résumé : si l'on cherche à respecter l'environnement, venir à la pause café avec sa propre tasse est donc le meilleur geste !
Le point santé
Ecocup en polypropylène, tasse en aluminium ou en silicone... La consommation de boissons chaudes dans de tels matériaux peut quand même poser question sur notre santé. Petit tour des problèmes :
-pour les tasses en céramique : les produits utilisés pour vitrifier les mugs peuvent être théoriquement dangereux, mais les normes européennes sont très strictes à ce sujet
-l'aluminium : la consommation régulière de boissons chaudes ou acides dans des contenants en aluminium est susceptible de provoquer l'ingestion de particules d'aluminium, dont les effets sur la santé sont discutés. Certains contenants (tasses comme gourdes) sont par ailleurs recouverts d'une protection contenant du bisphénol-A (BPA).
-le silicone : le silicone "peroxydé" des articles d'entrée de gamme est soupçonné de libérer des particules quand il est fortement chauffé, mais la littérature scientifique semble encore floue sur le sujet… Le silicone «platine» ne présenterait pas les mêmes risques…
Toutefois, les gobelets jetables ne font malheureusement guère mieux : une étude de 2018 estime que l’usage régulier de gobelets jetables nous expose à l’ingestion de dizaines de milliers de microparticules de plastique chaque année. Or les effets d’une telle ingestion sur l’organisme sont encore mal connus…
La conclusion ? À part les contenants en verre ou en porcelaine, qui paraissent plus strictement contrôlés, aucune solution n’est parfaite au niveau de la santé ! Les contenants réutilisables ne sont donc pas vraiment disqualifiés sur ce plan.
Le gobelet en amidon de maïs : la fausse bonne idée ?
On n’en a pas parlé, mais les gobelets en PLA (acide polylactique, de l’amidon de maïs) et autres solutions compostables pourraient paraître séduisants.
Malheureusement, Café Vert et Zerowastenantes sont formels et déconseillent l’usage de ce type de contenant, qui n’a pour seul avantage que d’être biodégradable. En effet, il consomme plus de 6 litres d’eau à la fabrication (en comptant l’arrosage nécessaire au maïs), et une énergie de 40MJ soit le double du gobelet carton. Globalement son bilan environnemental est donc peu brillant. De plus, il ne peut pas être mis tout simplement au compost, puisqu’il se dégrade dans des conditions particulières (60°C pour 90% d’humidité) qui nécessitent un traitement industriel… qui n’existe pas en France.
En conclusion
Ni gobelet en plastique, ni gobelet en carton, mais une tasse réutilisable et régulièrement nettoyée, voilà le contenant le moins impactant sur l’environnement pour notre pause café ou thé. À partir de 14 utilisations pour une Écocup, et 30 pour un mug, c’est gagné ! Il aura été plus respectueux pour l’environnement que toutes les solutions jetables.
Enfin, pour les poètes, on peut évoquer les gobelets de la start-up française Arden Bee O, que vous pouvez enfouir dans votre jardin : non seulement ils sont biodégradables, mais ils feront pousser des fleurs…
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