Cannes 2022 - Jean Minondo à propos de "COUPEZ!" de M. Hazanavicius
Alors que le film COUPEZ! de Michel Hazanavicius, projeté en ouverture du festival de Cannes 2022 hors compétition est sorti sur les écrans le 18 mai, Jean Minondo nous raconte cette expérience à hauteur d'équipe son.
COUPEZ! n’est pas le premier long-métrage que tu tournes avec Michel Hazavanicius. Le premier c’était The Search en 2013 ... Ce sont des enjeux très différents a chaque fois ?
Coupez! est ma 4è collaboration sonore sur un long-métrage de Michel Hazanavicius. Un bref casting « son », organisé par Daniel Delume, a précédé mon entrée dans le projet de The Search. Michel a toujours le goût de narrations nouvelles et donc de formes nouvelles, il sortait de l’aventure glorieuse de The Artist ; A part OSS 117, qui présente 2 volets, chacun de ses films est totalement singulier... Donc les enjeux sont très différents à chaque fois : la traduction technique est différente mais ce qui reste constant, c’est l’exigence et la nécessaire qualité de connexion avec l’esprit de son nouveau projet.
Comment prépares-tu un film? Qu’est ce qui est important pour toi pendant la phase de préparation? J’imagine que tu partages généralement le projet avec l’équipe de post-production…
Je ne suis pas un obsessionnel du matériel, mais je ne suis pas non plus figé sur des habitudes, avant d’y retourner quelquefois. J’ai fait le tour des dernières trouvailles technologiques, que je trie, sans jamais perdre de vue les paramètres du film : son esprit, ses audaces, sa couleur sonore, son envergure, sa souplesse ou sa pesanteur.
Certains choix sont guidés ou infléchis après conversations incontournables avec les monteurs son et mixeurs, afin de cibler, dès ce stade de la production du film, une cohérence technique qui mènera à un résultat sonore singulier, celui de « ce film », celui de « ce réalisateur » ...
Ici aussi on s’aperçoit que Michel Hazavanicius est assez fidèle avec ses collaborateurs...
Oui, mais en même temps, Coupez! en est un parfait contrexemple : de l’équipe historique ne restaient que le son et la coiffure !!! Pour diverses raisons : certainement la précipitation du déclenchement de sa production, mais peut-être aussi un peu la folie de l’entreprise ?
Tu arrives à échanger suffisamment? Sur le plateau, M. Hazanavicius te fait des demandes particulières ?
Michel a un humour colossal et très fin, il ne gaspille pas ses mots ; les échanges avec Michel ne sont jamais bavards, quelques mots suffisent pour élaborer la connexion, et ça « colle » ; alors, il me suffit de quelques demandes précises ici où là pour bien définir l’efficacité de notre tir sonore et nous éloigner des clichés et de la standardisation .
Sur Coupez! le nerf de la guerre c’était quoi? Une difficulté inédite ?
Le nerf de la guerre ? Devoir faire le son direct sans faille d’un plan-séquence de plus de 30 minutes... Ce qui n’est pas chose courante, d’autant qu’il ne s’agit pas d’une petite conversation sur canapé d’un couple dissertant d’existentialisme, mais de 8 techniciens de cinéma qui tournent un film de zombies, avant d’être contaminés à leur tour, courant d’un immeuble vers une forêt, puis une maison, puis une voiture, puis des escaliers mécaniques, en se découpant les membres à coups de hache...
Techniquement parlant, pas évident ! Rien que de ne pas apparaitre dans le champ de la caméra constamment en 360°, sans perdre la portée de HF, ni sensation de compression, ni friture, ni scratches… pour nous ça a été un vrai défi. Cette expérience a été pour moi inédite. J’ai déployé un réseau de fibre optique sur toute la grande zone parcourue pas ces Zombies, pour assurer une excellente réception des moyens HF !
Tu as donc monté une sorte de régie ? Tu t’es rapproché de ce qui se fait en Broadcast en somme…
J’ai fait quelques répétitions avec le « recorder » en bandoulière mais pour tourner, j’ai effectivement dû créer une régie son et un retour vidéo pour m’y cantonner afin de laisser le champ libre aux morts-vivants.
On a aussi éparpillé des micros sur tous les « spots », pour magnifier les belles envolées de cris d’horreur dont la dynamique ne marche pas assez bien en HF.
Par ailleurs, il nous fallait aussi envisager tous les émetteurs en double ou triple exemplaire sur le tournage. On pouvait ainsi ré-équiper immédiatement des acteurs pour une nouvelle prise, sans attendre le nettoyage et la désinfection du set précédent — des zombies tout de même! — mais ré-équiper les 8 comédiens douchés et vêtus de neuf avec des émetteurs pilés et prêts à partir.
Michel avait répété un mois avec les comédiens avant le tournage, mais on a quand même mis une semaine à faire ce fameux plan séquence : 22 prises en tout dont 15 complètes! Une fois passée cette épreuve on a pensé souffler un peu mais on s’est vite rendu compte que le « making of » que constitue la suite du film, n’en était pas moins compliqué, car il reprend tout le dispositif du fameux plan-séquence, mais rajoute 2 autres niveaux de lecture, puisqu’il intègre les techniciens – des comédiens filmant les zombies — et les producteurs-comédiens supervisant le tournage… Une horde de comédiens donc, entre cris et chuchotements. Un défi à plusieurs strates, qu’on a pu relever grâce à notre réalisateur qui n’a cédé sur rien et une excellente équipe d’assistants son sur le plateau : Malo Thouément, Sergio Henriquez-Martinez et Gaëtan Ricciuti; et puis bien-sûr toute l’équipe de Tapages : Mathieu Massard et Franck Trapletti pour le côté broadcast.
As-tu suivi le travail effectué par Selim Azzazi et Ken Yasumoto en montage son ?
Tu parles de l’excellence du travail de Selim et de Ken ? Chacun avait une mission précise, l’un traiterait le plan séquence, l’autre la genèse-fiction du film. Cela mériterait en soi un entretien …. On avait décidé de fournir au montage son toute la matière sonore disponible dans le décor où nous tournions (un hippodrome abandonné avec des boiseries déglinguées, des escalators fossilisés, des plafonds affaissés aux lattes flottantes, un sous-bois semi-urbain, des verrières édentées, des tabourets de bar en métal rouillé et sans assise... Du matériau brut absolument fantastique pour nous, et parfaitement adapté à l’esprit « cheap » qui apparaît dans la mise en scène de Michel Hazanavicius!
Le montage son, le mixage, et même la musique d’Alexandre Desplat, dont on pourrait attendre un effet symphonique très « musique de film », convergent vers un résultat cohérent avec une couleur de série B (ou Z?), tout en cohérence avec le travail du personnage de Fatih, « illustrateur sonore », joué par Jean-Pascal Zadi, qui travaille sur son synthétiseur, à la volée, en suivant le déroulement du plan-séquence… « comme à la télé » ! Cette audace géniale est exactement celle qu’il fallait à ce film.
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